Les 3 dernières semaines ont été focalisées sur la gestion de l’urgence : sanitaire, alimentaire, familiale… Dans nos filières agri-alimentaires, cette pandémie a aussi profondément déstabilisé notre chaîne d’approvisionnement. Chaque entreprise, chaque salarié, chaque filière, chaque circuit d’approvisionnement et de distribution a recherché un nouveau point d’équilibre, fût-il encore précaire. Si le caractère vital de l’alimentaire nous procure une vraie résilience, il faut rester lucide sur de très probables profonds dégâts économiques pour certaines de nos entreprises. Comme dans chaque situation de crise nous avons vu aussi le pire et le meilleur. Le meilleur avec de formidables solidarités des filières alimentaires au monde médical (fourniture de masques, de denrées alimentaires, …) et aux filières agricoles (mobilisation de milliers de personnes pour les récoltes qui n’attendent pas). Le pire aussi avec cette ruée inconsidérée dans les rayons, ou encore des annonces inopportunes d’augmentation de coûts de transport…
Passée cette gestion de l’urgence vitale, qu’en restera-t-il ? S’il est encore trop tôt pour se prononcer, disons quand même que chaque catastrophe est le ferment d’un changement dans la hiérarchie de nos valeurs et de nos besoins, ou à minima à une remise sur le devant de la scène pour certains d’entre eux. Côté besoins, la dégringolade a été spectaculaire, passant du besoin de s’accomplir (selon Maslow) aux besoins physiologiques (se nourrir) et de sécurité (être assuré de se nourrir) au cours de ces trois dernières semaines. Sans doute pourra-t-on se reposer la question du rôle des produits alimentaires dans cette pyramide.
Côté valeurs, j’en reste au questionnement. Redeviendra-t-on fréquentables parce que nous nourrissons les Hommes ? Passera-t-on de l’agribasching à l’agroloving ? Est-ce que nos politiques (européennes notamment) considèreront que nos filières alimentaires font parties de ce que Jacques Attali appelle « l’économie de la vie » au même titre que les filières de la santé ? Quoi qu’il en sera, saisissons ce moment particulier qui nous est donné pour prendre la parole.
Vous pouvez évidemment compter sur notre soutien dans les défis que vous allez devoir relever dans les prochaines semaines, sur le plan sanitaire, comme pour garantir la continuité des circuits d’alimentation des français. Nous sommes à vos côtés !