DEFFILAIT

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Ce projet de recherche labellisé en 2015 par l’ANR en partenariat avec APIS-GENE regroupe les professionnels des filières ruminants. Le webinaire de restitution du projet DEFFILAIT qui avait lieu le 23 juin dernier a rassemblé près de 130 participants. L’occasion de faire un point avec Philippe Faverdin, Directeur de recherche à l’UMR PEGASE (Physiologie, Environnement, Génétique pour l’Animal et les Systèmes d’Elevage) de l’INRAE.

Quel est l’objectif principal de ce projet d’innovation collaboratif ?

L’animal convertit des biomasses végétales, majoritairement inutilisables par l’homme en ce qui concerne les ruminants, en produits alimentaires de qualité comme le lait. Pour des enjeux environnementaux (réchauffement climatique, qualité des eaux et de l’air, utilisation des terres) mais aussi économiques, il est intéressant de réaliser cette production avec le meilleur rendement de conversion que l’on qualifie d’efficience alimentaire. Produire autant avec moins d’aliments et donc moins de ressources. Pour y parvenir, il est possible d’utiliser la voie de la sélection génétique ou de la conduite d’élevage, mais ces options doivent se faire sans détériorer les autres fonctions biologiques importantes pour l’élevage, ce qui nécessite une meilleure compréhension des mécanismes impliqués dans cette amélioration. Cette amélioration durable de l’efficience alimentaire des vaches laitières était au cœur du projet DEFFILAIT.

Quel est son caractère innovant et quelles sont les retombées ?

L’objectif d’améliorer l’efficience alimentaire des vaches laitières n’est pas nouveau, mais le fait d’en étudier les déterminants pour mieux orienter une sélection génétique de façon à ne contre sélectionner sur des caractères d’intérêt comme la santé, la reproduction ou la gestion des réserves a été beaucoup moins abordé. Ceci amène à se reposer les questions autour des indicateurs les plus pertinents pour évaluer ces caractères, si possible sur des effectifs conséquents. Les nouvelles méthodes de caractérisation de l’état des aimaux, les nouveaux indicateurs d’évaluation de l’efficience et de la résilience des vaches, les nouveaux modèles essayant d’intégrer ces deux dimensions pour évaluer les conséquences des stratégies de sélection sur les systèmes d’élevage sont autant de retombées originales qui émergent de ce projet et qui pourront être mobilisées par la profession. Les deux applications potentielles majeures concernent les orientations de la sélection génétique, mais aussi la conduite en élevage où la combinaison d’une meilleure compréhension des différences individuelles avec les mesures de nouveaux caractères, comme celles permises par l’imagerie, offre de perspectives prometteuses en élevage de précision (santé, bien-être, alimentation, choix des animaux pour la reproduction).

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Nous venons de réaliser un webinaire que l’on peut retrouver sur le site du projet (www.deffilait.fr) avec une sélection de thèmes autour de l’efficience alimentaire des vaches laitières abordés dans le projet. Cet événement a permis de mettre en avant quelques faits marquants du projet :

  • De nouvelles méthodes de phénotypage par imagerie très prometteuses pour mieux comprendre les déterminants de l’efficience alimentaire, mais aussi pour l’élevage de précision (développement morphologique, estimation des réserves, des contenus digestifs par imagerie 3D)
  • De nouvelles méthodes d’étude de la résilience des animaux utilisables à très grande échelle ont été développées via l’étude des perturbations
  • L’élaboration d’un modèle innovant pour étudier les conséquences des stratégies génétiques sur le temps long en interaction avec différents systèmes d’élevage.
  • Une meilleure compréhension des mécanismes qui expliquent les différences d’efficience, notamment sur les dépenses d’énergie mais aussi sur le rôle important de la digestion qui semble améliorée chez les vaches efficientes, ce qui limite les bénéfices attendus sur les émissions de méthane
  • La preuve que les index génétiques existants pour évaluer l’état corporel sont associés des dynamiques de production, d’ingestion et de gestion des réserves différentes, les animaux plus maigres ayant des risques accrus de déficit en début de lactation
  • Des données de fermes commerciales indiquant que la sélection sur la production ne semble ne pas trop favoriser la mobilisation des réserves
  • Une vision plus partagée entre chercheurs de différentes disciplines et le monde professionnel de l’efficience alimentaire (EA) et de sa mesure, mais une variabilité de l’efficience peut-être moins grande qu’attendue

Vous vous êtes engagés dans ce projet d’innovation collaboratif avec plusieurs partenaires : innover en mode collaboratif, cela représente quoi pour vous ? 

L’efficience alimentaire est une notion plus complexe qu’il n’y parait. Partager un même objet de recherche avec plusieurs disciplines a permis des regards croisés très féconds qui ont fait émerger des idées très innovantes, notamment sur les relations entre l’efficience alimentaire et les autres conséquences possibles en élevage. Le faire avec les partenaires du développement a permis de prendre la dimension de terrain dans la réflexion (FCEL, IDELE) et de partager plus largement les acquis, mais aussi la complexité des fronts de science dans ce domaine. De plus, cela a permis d’augmenter la capacité à produire des données utiles au projet qui nous donne une ouverture intéressante aux consortiums internationaux travaillant sur ce sujet. Enfin le partenariat très riche avec l’entreprise 3DOuest, basée à Lannion, nous a permis de croiser les idées de la science avec une excellente compétence en ingénierie dans le domaine.  Nous avons pu avancer très vite dans le domaine de l’imagerie 3D en élevage afin d’en percevoir de nombreuses applications possible dans le futur, mais aussi d’acquérir une visibilité internationale dans ce domaine.

Le projet aura généré 16 publications scientifiques internationales ainsi que plus de 30 communications écrites ou orales / vulgarisations.

 

Site web du projet DEFFILAIT

 

 

Fiche technique du projet

  • Titre du projet : Améliorer l'efficacité alimentaire des vaches laitières
  • Porteur : INRAE - UMR PEGASE
  • Type de projet : Recherche
  • Axe thématique : Nutrition animale
  • Date de début : novembre 2015 - Date de fin : juin 2020 - Durée : 4 ans
  • Coût total du projet : 3 433 542,00 € - Aide totale : 703 292,00 €
  • Consortium : UMR PEGASE (PHYSIOLOGIE, ENVIRONNEMENT ET GENETIQUE POUR L'ANIMAL ET LES SYSTEMES D'ELEVAGE), UMR MOSAR (MODELISATION SYSTEMIQUE APPLIQUEE AUX RUMINANTS), UMR GABI (GENETIQUE ANIMALE ET BIOLOGIE INTEGRATIVE), UMR 7247 / 0085 PRC (PHYSIOLOGIE DE LA REPRODUCTION ET DES COMPORTEMENTS), IDELE (INSTITUT DE L'ELEVAGE), 3D OUEST
  • Co-financeurs publics : ANR

Contact

Philippe FAVERDIN - INRAE - UMR PEGASE
Directeur de Recherche


+33 2 23 48 50 95
https://www.inrae.fr/