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Un LabCom dédié à la nutrition animale

Deltavit et l’unité TOXALIM de l’Inrae ont créé un laboratoire commun, pour étudier l’impact d’ingrédients alimentaires sur l’immunité des animaux d’élevage et identifier de nouveaux composés aux effets bénéfiques sur leur santé. Rencontre avec Isabelle Oswald, Directrice de recherche de l’unité TOXALIM à Toulouse, pour faire un point sur ce projet ANR labellisé par Valorial qui a débouché sur nombreuses collaborations.

Quel est l’objectif principal et le caractère innovant de ce projet d’innovation collaboratif ?

Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’interdiction des antibiotiques comme facteur de croissance et de la réduction de l’utilisation de ces médicaments en production animale.

A l’heure actuelle, la formulation des aliments du bétail s’appuie essentiellement sur les valeurs nutritionnelles des ingrédients (matières premières et additifs) et les besoins des animaux. Cependant on constate que des matières premières végétales à valeurs nutritionnelles identiques (énergie, protéine…) ont des impacts différents sur la santé (diarrhées, diminution des performances…). Mais jusqu’à aujourd’hui il n’était pas possible de prédire, en routine, l’impact de l’alimentation sur la santé des animaux d’élevage. Les outils expérimentaux dont disposent les industriels de l’alimentation animale ne permettaient pas d’évaluer de façon standardisée l’impact des choix alimentaires sur la santé et l’immunité des animaux.

Le but de ce laboratoire commun (LabCom) était donc développer et d’exploiter des outils de diagnostic innovants permettant de mesurer au niveau industriel l’impact des aliments et des ingrédients sur la santé des animaux d’élevages.

Les travaux ont ainsi consisté à évaluer l’activité des matières premières et additifs des aliments du bétail sur l’immunité, identifier de nouveaux ingrédients ayant une valeur « santé » et de développer un outil d’analyse de routine de ce paramètre. Pour cela nous avons utilisé des fragments d’intestins (explant) pour mesurer ex vivo la valeur santé des micro-ingrédients et les matières premières.

Quelles ont été les découvertes des partenaires ?

Résultats majeurs du projet
Des explants intestinaux ont été mis en contact avec plusieurs micro-ingrédients ou des digestats de matières premières ; les effets sur l’intestin ont été mesuré en analysant l’expression de gènes impliqués dans l’inflammation, le stress oxydant et la fonction de barrière. Les résultats sur les micro-ingrédients confirment les effets bénéfiques observés in vivo. Les résultats obtenus sur les digestats de matières premières montrent une grande variabilité et ne permettent pas de conclure.
Dans une autre série d’expérience, des porcelets ont reçu différents régimes iso-nutritionnels pendant 4 semaines. Nos résultats confirment les effets bénéfiques de certaines matières premières. Les analyses, histologiques, morphologiques, protéiques et géniques ont permis de déterminer les mécanismes sous-jacents.

Impact du LabCom
Ce projet a renforcé les liens entre les deux partenaires et, depuis le début de ce projet, une dizaine d’autres collaborations ont vu le jour. Pour le partenaire industriel, ce projet lui a permis de mieux structurer ses essais animaux, en particulier les prélèvements intestinaux, et d’asseoir son image « recherche ». D’un point de vue scientifique, les essais sur animaux ont montré l’impact des régimes sur la physiologie intestinale ; ils permettent d’expliquer la valeur des régimes. Le modèle explants a mis en évidence l’effet des micro-ingrédients mais s’est révélé peu discriminant pour les digestats de matières premières. A ce stade, il n’est donc pas possible de l’utiliser pour attribuer des valeurs santé aux ingrédients utilisés dans les aliments.

Pérennisation du LabCom
En utilisant le modèle explant, le projet n’a malheureusement pas permis d’aboutir à un outil d’analyse en routine des digestats de matières premières sur la santé intestinale. Ce Labcom n’a donc pas permis de retombées financières immédiates. Cependant, FeedScreen aborde le marché des aliments porcelets sans antibiotique, marché qui a été multiplié par 2 en 5 ans au sein du groupe CCPA. Les avancées réalisées en termes de meilleure compréhension des mécanismes in vivo impliqués dans l’impact bénéfique ou néfaste des matières premières sur la santé digestive encouragent Deltavit à poursuivre ses efforts de recherche et d’innovation dans ce domaine et sur un marché porteur.

Que représente pour le fait d’innover en mode collaboratif avec plusieurs partenaires ?

Transfert de compétences et technologie vers le partenaire industriel
A l’occasion de l’expérimentation in vivo ; le partenaire académique a formé plusieurs collaborateurs du partenaire industriel aux prélèvements d’échantillons de muqueuses intestinales, etc.

Communication clients
Ces travaux ont permis de contribuer à l’image du partenaire industriel comme une entreprise à la recherche de stratégies et de collaborations scientifiques pour innover dans la sélection d’ingrédients à visée santé digestive.

Fiche technique du projet

  • Titre du projet : Développement d’une flore d’exclusion compétitive pour réduire la contamination des volailles par Campylobacter
  • Porteur : INRAE - UMR TOXALIM (TOXICITE DES AGENTS CHIMIQUES DES ALIMENTS)
  • Type de projet : Projet Recherche ANR
  • Axe thématique : Alimentation Nutrition Santé
  • Date de début : mars 2014 - Date de fin : mars 2017 - Durée : 36 mois
  • Coût total du projet : 735 000 € - Aide totale : 300 000 €
  • Consortium : UMR 1331 TOXALIM (TOXICITE DES AGENTS CHIMIQUES DES ALIMENTS), DELTAVIT
  • Co-financeurs publics : ANR (AGENCE NATIONALE DE LA RECHERCHE)

Contact

Isabelle Oswald - UMR TOXALIM
Directrice de recherche


05 82 06 63 66
https://www6.toulouse.inrae.fr/toxalim/Equipes-Recherche-Publications/BioToMyc-Biosynthese-Toxicite-des-Mycotoxines/Equipe