FERMADAPT
Adaptation des systèmes agricoles de l’Ouest de la France

Le projet FERMADAPT a été engagé dans le cadre d’un 1er volet breton en 2021. Ce volet se terminera en cette fin d’année 2025, au terme de presque 5 années d’un travail de maillage entre les agriculteurs, les conseillers et les chercheurs. Un volet ligérien est venu prendre le relai pour la période 2024-2027. Nous avons demandé à Dominique Macé, Animateur coordinateur du réseau des FRCIVAM Bretagne, son avis sur les résultats acquis et leur projection sur le terrain.

Quel était l’objectif de ce projet collaboratif & structurant ?
Le changement climatique s’impose à nous, à nous tous. Les agriculteurs n’y font pas exception, quel que soit leur système de production. Certains sont plus résilients que d’autres, mais cela dépendra des années, des aléas climatiques, … de beaucoup de facteurs que l’on ne peut pas maitriser. Pour cette raison, le projet FERMADAPT a été construit dans l’objectif de produire une méthode d’accompagnement, avec les outils et les supports mobilisables, pour aider chaque agriculteur à trouver sa propre trajectoire d’adaptation. Tous les partenaires du projet, depuis les climatologues de l’université de Rennes, jusqu’aux fermes pilotes des groupes opérationnels, ont joué le jeu pour que les livrables du projet soient accessibles et utilisables sur le terrain.

Le projet est presque terminé. Quelles sont les retombées effectives ?
En ce qui concerne FERMADAPT Bretagne, l’essentiel des expérimentations est, en effet, terminé. Cependant, le travail se poursuit jusque fin 2025 pour valider les outils, rédiger les livrables et les diffuser sur le terrain. De nombreux outils ont été produits pour rendre concret le sujet du changement climatique à l’échelle de la ferme : des indicateurs agro-climatiques spatialisés, des fiches d’analyses du risque par filière, des fiches levier et un outil de diagnostic de vulnérabilité climatique appelé « ClimAléas-Test / ClimAléas Diag » qui est lui aussi décliné par filière de production. Tous ces outils peuvent être mobilisés par les éleveurs directement, ou par les conseillers qui les accompagnent, pour réfléchir aux leviers qui sont adaptées à chaque exploitation. Dans le cadre du projet, 14 groupes de 8 à 10 fermes pilotes étaient mobilisées. Ces agriculteurs ont testé et utilisé les outils développés dans le projet. Au niveau du réseau CIVAM, nous avions 2 groupes laitiers herbagers engagés. Ils ont pu travailler sur la sécurisation de itinéraires de production de fourrages sous contraintes climatiques (par exemple des étés très secs, ou des hivers et sorties d’hiver très pluvieux). D’autres groupes ont utilisé ces mêmes outils pour travailler sur la question de la ressource en eau, l’agroforesterie, … toujours dans le cadre d’une adaptation au changement climatique, bien entendu.
Cet outil de diagnostic, pour les principales filières, a été mis en ligne, au moins dans sa version ClimAléas-Test. Il a été téléchargé par plus de 260 utilisateurs potentiels, dont plus de la moitié sont des agriculteurs, des conseillers ou des formateurs. Il va également être déployé dans le cadre de programmes incitatifs, à commencer par ClimaTerra, le plan d’accompagnement agricole des chambres d’agriculture. Et il fait désormais partie des critères de sélection pour l’accès aux aides Agri Invest de la Région Bretagne. C’est très concret.

L’enjeu est double : il faut d’une part continuer à améliorer ces outils, s’assurer qu’ils seront mis à jour et déployés pour l’ensemble des filières de production, et d’autre part mobiliser les moyens pour répondre aux besoins des acteurs de terrain. Le premier objectif passera par le financement de nouveaux projets. Pour le second, la cible principale et stratégique est sans doute celle des conseillers techniques et techniciens d’exploitation. Cela passe donc par un plan de diffusion et de formation que nous essayons de construire en cette fin de projet. Le rôle des chambres d’agricultures, du développement agricole et des instituts techniques sera crucial, mais cette phase de formation, ouverte, permettra d’aller capter également les conseillers du secteur privé.
Un autre enjeu consiste à dupliquer ces outils sur d’autre territoires, qui ont des systèmes de production différents et des contraintes climatiques différentes. Certains partenaires FERMADAPT ont d’ores et déjà des projets en cours de dépôt avec les Régions Centre et Grand Est, voire à l’échelle européenne (Projet LIFE avec la Belgique).
Enfin, il ne faut pas oublier que le volet ligérien de FERMADAPT se poursuit jusque 2027. C’est un travail principalement tourné vers l’expérimentation, avec des essais particulièrement intéressants pour les filières Bovins viande, poulets de chair et porc plein air.
Vous vous êtes engagés dans ce projet d’innovation collaboratif avec plusieurs partenaires. En quelques mots, en quoi ce mode collaboratif vous a-t-il semblé pertinent et adapté pour le projet FERMADAPT ?
La FRCIVAM Bretagne s’est engagé avec l’envie de valoriser les savoir-faire des agriculteurs et agricultrices, leur expérience quotidienne pour alimenter les questions et les réflexions qui entourent ces enjeux d’adaptation au changement climatique. C’était une démarche importante pour mobiliser la profession agricole sur ce sujet complexe.
Le projet FERMADAPT nous a permis de monter en compétence et de nous mobiliser, notamment pour les CIVAM avec l’implication des groupes locaux et le soutien de l’IDELE. Les nombreux échanges et l’appropriation collective de la thématique du changement climatique ont facilité l’accès à une culture commune qui nous responsabilise dans nos missions professionnelles.
Le collectif de travail a réuni des acteurs d’horizons, de compétences et de sensibilités différents. Ce n’est pas si fréquent. Le copilotage assuré par la Chambre d’agriculture et Valorial a su embarquer l’ensemble des acteurs.