Prédire et mieux contrôler la fraîcheur des produits de la mer, c’est l’objectif de FishFreshFood. Rencontre avec Arnaud Orger-Turbin, Responsable Scientifique et projets de R&D chez FoodInnov Group, qui porte pour 3 ans ce projet collaboratif labellisé par Valorial en 2018.
FishFreshFood vise à assurer une qualité constante des produits de la mer en développant une technique innovante d’analyse de la fraîcheur des poissons en amont de la filière. Elle permettra de connaitre l’état de fraîcheur des produits et donc de pouvoir « prédire » et anticiper leur évolution et dégradation, améliorer à terme leur qualité en bout de chaîne, et prévenir les pertes.
Les analyses ne seront plus basées sur la dégradation et l’état impropre à la consommation des produits de la mer mais sur leur fraîcheur, c’est un changement de paradigme. Grâce à un kit capable d’analyser les nucléotides, on peut connaître le nombre de jours restant avant que le poisson ne soit périmé. La technique est plus efficace que le test ABVT existant. Anticiper l’état de fraîcheur des lots permettra de réduire le gaspillage sur tous les maillons de la chaîne. Cela offre des retombées intéressantes avant que n’arrivent des scandales sanitaires par exemple. Il permet également une meilleure valorisation des produits locaux et frais, ainsi que des coproduits, de meilleures gestions des stocks pour une optimisation des envois en fonction de l’état des lots, et des diminutions des rejets et retours clients, avec une visée durable de la pêche.
Le projet s’étend sur trois ans, des tests seront menés sur cinq espèces locales : le maquereau, la julienne, le merlu, l’encornet et la raie. L’analyse ABVT ne fonctionne pas sur ces deux dernières espèces, et il n’y a pas de norme européenne sur le maquereau. Le kit de mesure des nucléotides serait donc encore plus pertinent, nous travaillons sur son développement propre au projet, qui ne sera pas commercialisé à la suite. Un audit du process chez les partenaires mareyeur et poissonnier est prévu pour mettre en évidence des points critiques où une baisse de la fraîcheur pourrait intervenir.
Les limites peuvent être présentes sur les différentes stratégies de communication mises en place entre le secteur public et le secteur privé, ainsi que la mise en place d’un accord de consortium qui convienne à tous, mais une fois cette étape passée, ce n’est que du bonus, pour l’ensemble des partenaires.
Le partage des compétences permet d’avancer de manière plus efficiente sur des sujets complexes. Le fait d’intégrer des partenaires privés leur permet d’avoir un avantage sur la concurrence et de lancer des démarches vertueuses dans l’écosystème économique local. Les partenaires publics sont au plus près des acteurs locaux et l’intervention de FoodInnov en intermédiaire est une vraie valeur ajoutée pour favoriser les ponts et transferts de savoir entre les partenaires de milieux éloignés.
Arnaud ORGER-TURBIN - FOODINNOV GROUP
Responsable Scientifique et projets de Recherche et Développement
+33 (0)2 44 77 01 25
https://foodinnov.fr/