Ig piG

Depuis 2015, COOPERL s’est fortement engagée dans une démarche de production de porcs élevés sans antibiotiques, essentiellement dès le sevrage. Sa filiale COOPERL Innovation souhaite accompagner le groupe dans sa montée en gamme vers des Porcs élevés sans antibiotiques dès la naissance. A ce jour, 350 élevages sont concernés. Actuellement l’un des principaux freins est la fragilité du porcelet au moment du sevrage. Les éleveurs et les vétérinaires sont toujours à la recherche de solutions alternatives aux antibiotiques.

Quel est l’objectif principal de ce projet d’innovation collaboratif ?

L’intérêt du plasma est reconnu à la fois pour ses qualités nutritionnelles et pour son caractère potentiellement immunostimulant. Le plasma introduit à hauteur de 4 à 10% dans l’aliment induit une diminution de l’infiltration intestinale par les cellules de l’immunité spécifiques tels que les lymphocytes et les non-spécifiques tels que les macrophages.

Suite à l’introduction du virus de la Diarrhée Epidémique Porcine (DEP) au Canada en 2014, des travaux ont montré que du génome viral du virus de la DEP avait été détecté dans des lots d’aliments contenant du plasma porcin et avait pu être à l’origine de l’introduction du virus dans le pays. Il a été montré que la voie alimentaire semblait permettre la transmission du virus aux porcelets. Il est donc nécessaire d’identifier un virus représentatif des risques plausibles d’infection par l’alimentation sur lequel mener différents procédés d’hygiénisation du plasma.

Le circovirus porcin de type 2 (PCV2), responsable de la maladie d’amaigrissement du porcelet est un virus à ADN simple brin circulaire. En l’absence de vaccination, les études sérologiques ont montré que le PCV2 est présent dans tous les élevages avec la quasi-totalité des animaux en fin d’engraissement ayant été infectée par le virus. Malgré la mise en place de la vaccination, le PCV2 se maintient dans les élevages. Pour exemple, aux USA où presque la totalité des élevages sont vaccinés, 17% des animaux à la fin de l’engraissement ont été infectés par le PCV2. La dose minimale infectante n’est pas connue. Le circovirus PCV2 apparaît comme une cible virale pertinente pour évaluer la performance des traitements d’hygiénisation du plasma frais (objectif du projet Ig-piG). Le procédé industriel de traitement du plasma doit garantir l’absence de transmission de pathogènes porcins aux porcelets par l’alimentation. Cependant l’efficacité des IgG pourrait être affectée par ce process d’hygiénisation (modification de leur intégrité structurelle ou modification de l’affinité du couple anticorps/antigène).

Quel est son caractère innovant et quelles sont les retombées prévues ?

En l’état actuel des connaissances et vu les risques sanitaires encourus, l’incorporation de plasma au sein de l’aliment 1er âge n’est pas pratiquée par Cooperl. Ainsi, le caractère innovant du projet réside dans le fait d’objectiver les propriétés d’un plasma hygiénisé pour, in fine, proposer aux éleveurs un aliment 1er âge contenant du plasma sécurisé en solution alternative aux traitements antibiotiques pour le jeune porcelet.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Concernant les travaux académiques, l’ANSES a travaillé à la mise au point d’une nouvelle méthode plus résolutive permettant d’appréhender l’impact du traitement de sanitation sur la virémie du PCV2, et non plus simplement sur la présence résiduelle de traces ARN, qui ne reflète pas forcément la virémie.

Un barème de traitement thermique, conciliant une sanitation efficace de la charge virale PCV2 et le maintien des propriétés physiques et rhéologiques du plasma frais, a également pu être établi. Ig piG a également permis le développement d’un nouvel indicateur de suivi de la virémie à destination des laboratoires vétérinaires et des éleveurs.

La bibliographie mettait en avant l’intérêt de l’ajout de plasma dans l’alimentation des porcelets d’un point de vue amélioration immunitaire. Cet impact n’a pas pu être observé lors des essais réalisés en ferme expérimentale, par contre une amélioration de la prise de poids précoce a été observée pour les alimentations supplémentées avec le plasma produit dans les conditions expérimentales propres au projet (procédé de sanitation amélioré,…). Cette prise de poids initiale plus rapide pourrait aider les jeunes porcelets à mieux résister aux pathologies, notamment digestives (diarrhées).

Cependant le traitement sanitaire du plasma aujourd’hui préconisé pour l’hygiéniser (15 min à 80°C sur du plasma déshydraté) a fait disparaître le gain de prise de poids précoce et n’a pas permis d’empêcher l’apparition de diarrhées de même fréquence et intensité que celles observées chez les non supplémentés.

La validation industrielle des procédés de sanitation et d’enrichissement en plasma développés dans Ig piG n’a pas été menée. En effet, le contexte de la Fièvre Porcine Africaine et l’impossibilité à ce jour de garantir l’efficacité de ces procédés sur d’autres virus que le PCV2, poussent à la prudence, les fabricants d’aliments comme COOPERL n’utilisant pas le plasma en supplémentation. Le marché n’étant ainsi que peu réceptif à un nouveau produit d’origine porcine, rien ne justifie actuellement l’investissement dans de nouveaux outils de production et la mise sur le marché d’un ingrédient, plus coûteux et ne présentant qu’un effet tout à fait modéré selon les paramètres retenus.

Que représente pour le fait d’innover en mode collaboratif avec plusieurs partenaires ?

L’innovation collaborative permet d’aller plus loin ensemble. En effet nous avons pu établir des plans d’expérience solides conjointement en s’appuyant sur les spécialités de chacun des partenaires. Le choix des barèmes de traitement de sanitation ont ainsi pu être établis en prenant en compte les contraintes de procédés  possiblement rencontrés en production. La mise à disposition de la matière première, dont la qualité, la reproductibilité  et la fraîcheur sont maîtrisées par le partenaire industriel, facilite le travail des partenaires scientifiques pour une production de jeux de données les plus robustes possibles. Enfin l’interprétation des résultats a été grandement facilitée et améliorée grâce à la mise en commun de nos trois points de vue respectifs (données d’élevage, histologie porc, biochimie de l’aliment).

Fiche technique du projet

  • Titre du projet : Hygiénisation de plasma de porc pour une utilisation en alternative aux antibiotiques pour l’alimentation des porcelets.
  • Porteur : COOPERL INNOVATION
  • Type de projet : Projet Industriel Compétitif
  • Axe thématique : Qualité et sécurité des aliments
  • Date de début : juin 2017 - Date de fin : décembre 2019 - Durée : 30 mois
  • Coût total du projet : 411 000€ - Aide totale : 181 000€
  • Consortium : COOPERL INNOVATION (SAS), SELAS VETERINAIRE DE LA HUNAUDAYE, ANSES
  • Co-financeurs publics : CONSEIL REGIONAL DE BRETAGNE, SAINT BRIEUC AGGLOMERATION, CONSEIL DEPARTEMENTAL DES COTES D'ARMOR

Contact

Jean-François Le Page - COOPERL INNOVATION
Chef de projets R&D


02 56 99 72 97
https://www.cooperl.com/