Agriculture et agroalimentaire : est-ce que tout va si mal ?

25 mars 2016
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« Je vais bien, tout va bien… Je suis gai, tout me plaît… Je ne vois pas pourquoi… Pourquoi ça n’irait pas. » Ainsi débute « Le déprimé », l’un des plus célèbres sketchs de Dany Boon. Et d’expliquer qu’il a décidé de cesser de déprimer en répétant inlassablement cette phrase.
 
 
Et si nous appliquions cet aphorisme à l’ouest agricole et agroalimentaire ? Nul doute que vous crieriez à l’imposture. Les difficultés structurelles rencontrées par l’un des piliers historiques de nos économies régionales sont d’ampleur mais… Est-ce que tout va si mal ? Assurément non. Quatre fois non.

Non parce que les projets d’innovation sont pléthores. Moins visibles qu’une nouvelle usine en construction en bordure de quatre voies, ils n’en sont pas moins les garants de notre avenir. Savez-vous que chaque année, rien qu’à Valorial nous incubons une quarantaine de projets de recherche et de développement qui associent des équipes de scientifiques et des entreprises, soit l’équivalent de près de 100 millions d’euros d’investissement (10 belles usines ou 200 belles exploitations agricoles). Ces projets d’innovation, ce sont les produits que vous retrouverez dans vos assiettes dans trois ou quatre ans en réponse à vos attentes de naturalité, de bon goût, de facilité et de rapidité de préparation, de soucis de santé. Ce sont aussi les nouveaux équipements qui moderniseront les usines ou les exploitations agricoles, plus sobres en énergie, valorisant tous les déchets ou coproduits, améliorant les conditions de travail…

 
Non parce qu’il y a des marchés à satisfaire, tant en France qu’à l’étranger. La croissance de la demande alimentaire mondiale est vertigineuse. Sans vouloir prétendre à nourrir la planète, nous pouvons facilement alimenter quelques segments de marchés en capacité d’assurer l’avenir de nos entreprises et les futurs emplois qualifiés de nos jeunes. Quant au marché français, les évolutions des comportements d’achats et de consommation de nos concitoyens doivent nous inciter à mettre moins de matière grasse et plus de matière grise dans les nouveaux produits.
Non parce que la Bretagne, notamment est une terre d’intelligence (collective). Accueillant récemment une délégation étrangère, nous leur avions concocté un Tro Breizh de nos savoirs. Après deux jours de rencontres, le bilan était sans appel « Mais pourquoi donc recherchez des coopérations avec nous, vous avez déjà une telle expertise !!! ». Ayons conscience de nos forces, marketons-les encore plus aux quatre coins du monde, continuons à attirer de nouveaux talents dans nos universités, dans nos centres de recherche publics ou privés qui s’étoffent encore aujourd’hui (Roullier à St Malo ; Invivo NSA à Vannes ; Lactalis à Retiers…).
 
Non parce qu’il y a de l’argent. Qu’il soit public ou privé, l’argent mobilisable pour le financement de l’innovation alimentaire est au rendez-vous. Du côté des pouvoirs publics (Europe, État, collectivités territoriales), l’intérêt de financer d’innovation est unanime… même si on peut regretter des lourdeurs administratives et réglementaires qui rendent parfois peu attractifs ces outils de soutien. Savez-vous que dix milliards d’euros sont consacrés chaque année par la France pour aider la R&D de nos entreprises et de nos chercheurs. Du côté privé, de nombreux investisseurs avertis n’hésitent pas à entrer au capital d’entreprises bretonnes prometteuses ou connaissant une très forte croissance. N’est-ce pas là une belle preuve d’attractivité.
 
Une adaptation silencieuse et quotidienne est à l’oeuvre. Soyez-en convaincus, je le suis, je l’observe, je l’accompagne.
Pour toutes ces raisons, je suis comme Dany Boon « Je ne vois pas pourquoi… Pourquoi ça n’irait pas » pour nos économies agricoles et agroalimentaires dans les prochaines années.
 
Jean-Luc Perrot
Directeur
Valorial
 
 
Article paru aussi dans Le Télégramme