Réfléchir à l’emballage de demain, c’est concevoir une usine agroalimentaire ouverte aux autres

15 février 2016
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Pour animer l’espace « L’usine agroalimentaire du futur » pour la 5e année consécutive, Valorial a retenu avec les organisateurs de ce salon et BDI (Bretagne Développement Innovation) le thème de l’emballage de demain. Ce choix est tout sauf le fruit du hasard. En effet, à l’occasion de la 20e édition du CFIA de Rennes, nous souhaitions mettre en avant ce qui peut être considéré aujourd’hui comme un fait marquant et durable de l’innovation agroalimentaire : le développement des démarches d’innovation collaboratives.
 
 
 
Réfléchir à l’emballage de demain, c’est embrasser pleinement les démarches d’innovation ouvertes et collaboratives, autrement dit c’est accepter de concevoir une usine agroalimentaire ouverte aux autres : équipementiers, fournisseurs d’emballages, sociétés de conseil, sociétés de valorisation des coproduits, logisticiens, distributeurs,… C’est un changement de paradigme car elles bouleversent les modes de management internes des entreprises (remise à plat des processus, décloisonnement des services, appels à de nouvelles compétences et savoir-faire) mais aussi les modes de coopération avec les clients ou les fournisseurs, voire avec le consommateur final directement.
« Plus puissante est l’intelligence générale, plus grande est sa faculté de traiter des problèmes spéciaux » souligne Edgar Morin*.
Réfléchir à l’emballage de demain, c’est donc embrasser pleinement ces démarches d’innovation ouverte et collaborative, autrement dit c’est accepter de concevoir une usine agroalimentaire ouverte aux autres : équipementiers, fournisseurs d’emballages, sociétés de conseil, sociétés de valorisation des coproduits, logisticiens, distributeurs,… En effet, l’emballage constitue un trait d’union parfait entre tous les acteurs de la chaîne alimentaire et est une réponse formidable aux enjeux économiques et de notre société de consommation (alimentaire).
 
A Valorial, dont le métier est l’ingénierie de projets d’innovation collaborative dans le domaine de l’alimentaire, l’emballage (et par extension l’usine agroalimentaire) de demain est un sujet récurrent que nous pouvons illustrer par 3 projets, labellisés par Valorial et récemment achevés ou en cours de déploiement.
 
Le 1er, MAP’OPT, porté par un consortium de 9 laboratoires de recherche, centres techniques et entreprises, et coordonné par ADRIA Développement, illustre pleinement les moyens de répondre aux enjeux majeurs d’optimisation des coûts de production et de conservation des produits/sécurisation des consommateurs. Ce projet a permis de mieux expliquer, quantifier et modéliser les effets des atmosphères modifiées sur la croissance des micro-organismes selon le transfert de l’O2 et du CO2 à travers l’emballage et dans l’aliment. Les principaux facteurs étudiés ont été les caractéristiques de perméabilité des films, la composition en gaz, et les propriétés de solubilité et de diffusion de ces gaz dans l’aliment lui-même. La nature des micro-organismes et leurs métabolismes respiratoires (aérobie, anaérobie, microaérophile) sont aussi des facteurs clés du projet.
 
Répondant aux mêmes enjeux, le projet LIGE151 rassemble 7 industriels, 1 centre de recherche et est piloté par LIGEPACK. Il vise à développer une nouvelle méthode de mesures de perméabilité sur emballages thermoformés et scellés afin d’augmenter la DLC des produits alimentaires frais, méthode permettant de mieux prendre en compte les conditions réelles d’utilisation de ces films. Les résultats seront totalement exploitables début 2018 et pourront avoir des conséquences opérationnelles dans l’organisation des process dans les usines.
 
Le projet d’innovation INCOCONSO s’inscrit quant à lui dans le contexte réglementaire européen qui a imposé à chaque industriel de l’agroalimentaire de fournir un certain nombre d’informations aux consommateurs (Règlement INCO n°1169-2011). Trois industriels agroalimentaires accompagnés par un centre technique et un cabinet conseil se sont posés la question de la perception et de la compréhension de l’étiquetage nutritionnel par les consommateurs afin, dans un second temps, de rechercher des solutions de différenciation positive (typographie, couleur, localisation de l’information sur l’emballage,…). L’importance de l’emballage comme support d’information aux consommateurs est ici parfaitement illustré.
 
UX, emballage 3.0 et valeurs de l’emballage au menu 2016 de Valorial
En amont du montage de ces projets d’innovation collaborative, Valorial a un rôle important dans l’identification de nouvelles tendances de marchés ou l’émergence de nouvelles connaissances ou technologies pouvant modifier l’offre en emballage. A ce titre, citons quelques axes de travail qui seront déployés en 2016. 
Nous nous sommes attachés notamment lors d’un ValorialConnection à voir comment intégrer l’expérience utilisateur (ou User Expérience – UX) qui privilégie une conception centrée sur le client, et ce tout au long du processus d’innovation, dès la phase de conception jusqu’à la mise en marché. Celle-ci doit permettre de mieux répondre aux deux grandes tendances qui gouvernent l’adoption d’une innovation alimentaire par le consommateur : praticité et plaisir. Sur ce second volet, une approche centrée sur l’usager doit permettre d’étendre la conception de produits alimentaires, souvent cantonnée au goût, aux autres sens (odorat, vue, toucher). Une manière nouvelle de ré-enchanter l’acte d’achat et de personnaliser le territoire de marque de fabricants.
 
L’implémentation des technologies numériques constitue une nouvelle révolution industrielle dans les usines agroalimentaires. Elles contribuent à la fois à l’amélioration des performances industrielles par l’optimisation des ressources employées (matières premières, consommables, machines, ressources humaines) et par le renforcement de la qualité du service apporté aux clients (traçabilité, logistique, réponse plus rapide, information plus personnalisée,…). Ces sujets seront notamment traités lors de réunions de ressourcement qui feront le croisement entre le traitement en grande masse des données (Big data) et le rôle de l’emballage (packaging 3.0). Autre sujet lors de ces RDv, celui de la durabilité des emballages alimentaires ou comment concilier nouveaux emballages et lutte contre le gaspillage alimentaire, emballage et économie circulaire, praticité et éco-conception,…
 
Citons enfin une démarche engagée au sein de Valorial par un groupe d’industriels qui souhaite mieux comprendre la perception des valeurs de l’emballage par les consommateurs (enquête en ligne en cours) afin dans un second temps de déployer un projet commun d’innovation conduisant à une adaptation de leur offre produit, emballage inclus.
 
Jean-Luc Perrot
Directeur de Valorial
 
*Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Edgar Morin, Seuil 2000