PropioCheeseGut

Des bactéries de l’emmental immunomodulatrices

Stéphan Rouverand (Valorial) et Gwénaël Jan (Inra – STLO) nous présentent ce projet d’innovation précompétitif, porté par le consortium Bba, sur les propriétés immunomodulatrices de Propionibacterium freudenreichii dans la matrice fromagère et dans le tube digestif. Fin prévue en mars 2019 !

Quel était l’objectif principal de ce projet d’innovation collaboratif ?

Des travaux de recherche antérieurs (ANR SURFING, porté par l’UMR STLO INRA, en partenariat avec le CNIEL et ACTALIA Produits laitiers) avaient montré que certaines souches de bactéries propioniques possèdent une propriété immunomodulatrice avec en particulier un effet anti-inflammatoire. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour l’exploitation de ces bactéries, et des produits qu’elles fermentent, dans le contexte de désordres intestinaux. Le but du projet PropioCheeseGut était de travailler avec les industriels laitiers du consortium Bba, pour valider cette activité anti-inflammatoire, et d’étudier l’effet protecteur de la matrice fromagère, ce qui constituerait un atout considérable pour délivrer la bactérie immunomodulatrice aux cellules cibles de l’intestin.

Quel est son caractère innovant et quelles sont les retombées ?

L’activité immunomodulatrice de la bactérie Propionibacterium freudenreichii est portée par des protéines de surface de type « surface-layer », dont la protéine modulatrice SlpB (Brevet INRA). Des expériences in vitro préliminaires sur un tube digestif artificiel indiquent un effet protecteur de la matrice fromagère, vis-à-vis de l’intégrité de la protéine SlpB. In vivo, nos résultats démontrent que la matrice fromagère permet d’apporter des bactéries vivantes au niveau de l’intestin. Nous avons également montré que la matrice fromagère module l’effet immunomodulateur de P. freudenreichii chez des porcelets sains, par comparaison à une vectorisation par une culture liquide. La différence en termes d’immunomodulation  est probablement liée à l’effet protecteur de la matrice fromagère sur les protéines de surface, dont la protéine SlpB, vis-à-vis de la protéolyse digestive. Chez les porcelets, les effets immunomodulateurs induits par P. freudenreichii délivré par la matrice fromagère sont des effets souhaitables pour la prévention de la colite. Un fromage modèle comportant une seule souche, ainsi qu’un Emmental élaboré en usine, ont donné des résultats immunomodulateurs similaires, pour la prévention de la colite murine. La matrice fromagère constitue donc un bon vecteur pour les propriétés immunomodulatrices de P. freudenreichii, ce qui milite pour l’apport de ces micro-organismes biologiquement actifs via de vrais aliments fermentés plutôt que sous forme de compléments alimentaires déshydratés.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Le projet est quasiment terminé. La doctorante, Houem RABAH, soutiendra ses travaux le mardi 5 mars 2019. Elle a largement dépassé les objectifs du projet.

Les prochaines étapes prennent la forme de plusieurs projets en cours de construction.

Sur l’axe des fromages propioniques (de type emmental), les résultats sont suffisamment probants pour ambitionner une étude clinique chez l’homme. C’est un chantier prioritaire, mais le cout de ces travaux est élevé.

Sur un autre axe de valorisation, nous avons d’ores et déjà démarré un nouveau projet qui vise à exploiter les propriétés de nos bactéries propioniques dans d’autres matrices : ce projet, confidentiel, est porté par un consortium d’industriels et d’académique (STLO). Il vise à développer de nouveaux aliments fermentés végétaux dans le cadre d’une exploitation durable des propriétés techno-fonctionnelles et probiotiques des ferments. Ces nouveaux aliments fermentés répondront aux attentes du grand public à la recherche de produits innovants mais aussi à deux cibles spécifiques de consommateurs : les végétariens ou flexitariens d’une part et les consommateurs se plaignant de troubles fonctionnels de l’intestin d’autre part.

Vous vous êtes engagés dans ce projet d’innovation collaboratif avec plusieurs partenaires : innover en mode collaboratif, cela représente quoi pour vous ?

C’est l’opportunité d’aller plus vite, et, parce que nous avons collaboré avec un consortium d’industriels « Bba », c’est l’assurance de se poser les bonnes questions pour que les résultats du projet permettent de lever les freins à leur exploitation ultérieure. Dans le déroulement du projet, l’expertise de chacun a permis de gérer les difficultés rencontrées, comme par exemple fabriquer des fromages ne contenant qu’une seule souche de bactérie propionique. Ce sont des partenariats gagnant-gagnant, dès lors que chacun est dans son rôle et que le consortium est animé et piloté. Cela permet aussi d’élargir son réseau et de trouver des partenariats nouveaux pour les étapes suivantes.

Fiche technique du projet

  • Titre du projet : Devenir des protéines immunomodulatrices de Propionibacterium freudenreichii dans la matrice fromagère et dans le tube digestif
  • Porteur : BBA
  • Type de projet : Projet Industriel Précompétitif
  • Axe thématique : Alimentation Nutrition Santé
  • Date de début : septembre 2015 - Date de fin : mars 2019 - Durée : 36 mois
  • Coût total du projet : 258 000 - Aide totale : 42000
  • Consortium : BBA, INRA UMR STLO
  • Co-financeurs publics : CONSEIL REGIONAL BRETAGNE

Contact

Gwenaël Jan - INRA UMR STLO
Chercheur


02 23 48 57 41
https://www6.rennes.inra.fr/stlo/