Couvrir les apports journaliers en protéines des populations en pleine croissance

2 novembre 2015
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L’enjeu des protéines est clairement mondial. La consommation de produits animaux devrait doubler dans les 10 ans sur la planète. La baisse de consommation des produits carnés par les Européens ne représente finalement pas grand’chose face à la croissance des populations et de leurs consommations animales en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

 

En Europe, nous avons tendance à oublier qu’ailleurs des populations entières font encore face à des déficits nutritionnels importants. Ces populations en pleine croissance ont simplement besoin de couvrir leurs apports journaliers en nutriments essentiels: Vitamine B12, Fer, Calcium, Acides aminés essentiels, etc… présents d’abord dans les produits animaux.
C’est pour cela qu’il semble difficile de se passer de viandes, lait, œufs et poissons. Les végétaliens consomment infiniment plus de compléments alimentaires que les omnivores et ceci n’est pas encore à l’ordre du jour dans les pays en développement.

 

Non seulement la démographie mondiale est en pleine croissance, mais le niveau de vie des populations s’améliore. Il est donc nécessaire de couvrir la croissance des besoins en volume et en qualité.

 

Cependant, nous ne pouvons plus produire autant de viandes, laits et œufs avec les modes de productions actuels. Il y a trop d’effets néfastes en termes d’environnement et de santé publique, du réchauffement climatique à l’antibiorésistance.

 

Inventer de nouveaux modes de productions

 

Il faut donc «innover» et inventer les nouveaux modes de productions animales qui auront encore plus de bénéfices nutritionnels et encore moins de nuisances.

 

C’est ici que se trouvent les leviers de croissance de nos entreprises. Nous avons déjà perdu la bataille de la production de masse, ce n’est pas très grave car nous pouvons exporter des services, de la génétique, des aliments, du matériel, des brevets et gagner la bataille de la production animale de haute qualité avec des racines et une vitrine «haut de gamme».

 

L’agro-alimentaire est la principale activité du grand Ouest (la moitié des emplois industriels) et80% de cette économie qui maille notre territoire repose sur les protéines animales. Le pôle de compétitivité Valorial a donc l’ambition logique d’être aussi le pôle mondial d’excellence pour les protéines animales de qualité. Le lait d’avoine, les protéines d’insectes, ou les steaks de quinoa sont des alternatives intéressantes, mais nous ne sommes pas en capacité d’en faire notre richesse de demain.

 

Tout un champ de recherche et de projets collaboratifs se dessine pour relever les défis de l’élevage dont l’un des principaux est la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Il y a quelques années, il fallait 3 kg de blés pour produire 1 kg de poulet. Aujourd’hui, 1,5kg de blé suffit, et 1 kg de poulet nourrit bien mieux que 2 kilos de blé !

 

On a souvent tendance à réfléchir aux problèmes actuels avec les théories d’il y a 30 ans. Pourtant les choses bougent, les techniques d’élevage actuelles sont bien plus performantes et les marges de progression sont importantes.

 

Des projets pour valoriser les protéines de lait

 

Je pense à 2 projets récemment labellisés chez Valorial pour illustrer mon propos.

 

PROFIL et PROLEVAL, sont les deux plus gros projets jamais labellisés par VALORIAL. Tous les deux sont dédiés aux protéines.

 

  • PROFIL explore de nouveaux usages des protéines laitières. Il s’agit d’exploiter la richesse nutritive du lait pour inventer les nouveaux modes de consommation de ce lait qui « pousse bien » sous nos climats un peu pluvieux, certes, mais bien propices à la pousse de l’herbe et à leur valorisation par les ruminants.
    C’est un projet qui se situe à l’aval de la chaîne alimentaire avec de gros enjeux économiques. Nous avons pu récemment le constater, lorsque des capitaux chinois sont venus investir en centre Bretagne dans une usine de fabrication de lait en poudre. Ce n’est qu’un début.
  • A l’autre bout de la chaîne de production, PROLEVAL invente de nouveaux modes de production et de transformation des protéines de protéagineux métropolitains pour remplacer le soja dans l’alimentation animale et compléter ainsi la cartographie des productions animales durables et qualitatives.

 

Se battre pour construire un modèle agricole français

 

Face à des pays où la main d’œuvre agricole et industrielle est bon marché, il nous faut monter en gamme et proposer des produits à haute valeur ajoutée. Il serait erroné de croire que seuls les pays riches ont droit à des produits de qualité.

 

L’ensemble de ces projets de recherche doivent définir un modèle français de production animale. Le nôtre a ses qualités, et il est encore perfectible. Nous devons nous battre pour l’améliorer. Il n’est pas possible que la France soit absente de ce débat. Les Danois, les Hollandais, les Allemands sont en place. Ils savent que la demande va bientôt doubler.

 

On ne peut pas remplacer les protéines animales seulement par des protéines végétales. C’est aborder le problème de demain avec les solutions du passé. A nous d’imaginer les innovations pour répondre aux demandes complexes du monde de demain.