L’exercice n’est jamais simple, mais voici une tentative de bilan de mes 6 années passées à la présidence de Valorial, à l’heure de passer la main. C’est une vision très personnelle, les propos et les chiffres que vais citer n’engagent que moi, je ne vous garantis pas que tout est 100% exact, mais je vous assure que tout est 100% sincère. Ces quelques mots n’engageront donc que ma responsabilité.
Il y a 6 ans….un peu de nostalgie
Valorial changeait de président et préparait sa nouvelle feuille de route. On passait de l’ « excellence industrielle » à « l’excellence alimentaire », mais l’innovation agroalimentaire by Valorial commençait à la porte des usines, les filières n’étaient pas encore à la mode.
Il y a 6 ans, il y avait encore des discussions sur le Bio du genre ; « on y croit ou on y croit pas ». Aujourd’hui, on le voit à 10% ou à 20%.
Il y a 6 ans, Valorial comptait 280 adhérents et on amorçait une descente que l’on avait du mal à analyser.
Il y a 6 ans, on ne connaissait pas la L214 et le mot « vegan », s’il existait, était peu usité, et le mot glyphosate était à peu près inconnu hors cercles techniques.
Il y a 6 ans, le fonctionnement de Valorial était encore assuré par 70% de ressources publiques avec un poids fort des départements.
Il y a 6 ans, personne n’avait entendu parler de Yuka ou de Scan’Up ou de C’est Qui L’Patron, de rares initiés connaissaient Bleu Blanc Cœur.
Il y a 6 ans, à Valorial, « EstiValorial » se disait encore « Assemblée générale ordinaire » et SuccessFooday se disait « Colloque annuel ».
Il y a 6 ans, les gens faisaient encore confiance aux grandes marques et aux labels officiels.
Il y a 6 ans, Le Centre Culinaire Contemporain allait ouvrir ses portes et j’entendais parler pour la première fois de « sociologie des usages » et de « living lab » sans trop comprendre.
Il y a 6 ans, la déconsommation de viande en France était amorcée, et à l’échelle de la planète, la consommation s’accentuait très fortement.
Il y a 6 ans, les mots Valorial’Morning, Connection, et Project n’existaient pas.
Aujourd’hui…
On vit dans l’agroalimentaire une crise dont il sortira quelque chose. On parle de transition épidémiologique. On parle de grave crise environnementale. Mon assiette pollue et me rend malade… L’heure n’est pas à l’optimisme. On entend parler de collapsologie.
Il existe une profonde transformation des usages alimentaires. En 2017- 2018 :
Et demain…
C’est chouette le métier de prévisionniste, tu viens 2 fois… On peut se tromper, mais il semble que ce sera difficile d’avoir moins d’impôts et plus d’argent public. A mon âge, je ne crois plus vraiment au père Noël, mais je crois encore fortement à l’innovation collaborative. Le monde de demain a des défis qui rendent l’innovation incontournable.
L’innovation quand elle est collaborative, c’est-à-dire quand elle assied à la même table de travail des gens d’horizons différents est plus belle et plus fertile. Elle a construit ma vie professionnelle et ce fut un bonheur.
Je ne sais pas ce que sera demain, et c’est parce qu’on ne le sait que l’on aura encore besoin d’un pôle où les gens se rencontrent, s’écoutent et construisent ensemble. Dans l’agro plus qu’ailleurs sans doute car les transitions épidémiologiques et écologiques sont en cours.
Je ne vous dis pas ce que sera le pôle demain, mais je souhaite qu’il garde l’esprit de ces dernières années, un esprit d’écoute indissociable de la recherche collaborative, qu’il soit le lieu où s’élaborent les solutions de demain. Je souhaite qu’il ait les moyens de conserver ses missions de service public pour le tissu de PME de l’agro. Je souhaite que les projets aient un peu plus de tropisme vers les « sciences humaines » que nous, collectivement dans l’agro avons un peu négligé.
On a besoin d’un lieu de rencontre, il aura sans doute d’autres financements, d’autres services, d’autres missions, d’autres horizons.
Et pour finir…
La situation des compétitivité est difficile. Il y a 6 ans quand on me demandait de définir un pôle, je disais que c’était une création de l’Etat pour rapprocher industriels et académiques, les faire innover ensemble pour créer richesses et emploi. Cette définition reste d’actualité, ceux qui ont vu les pôles comme un guichet pour des financements publics ne sont sans doute pas en bonne position. L’état se désengage, c’est sûr et c’est logique.
Il y a la place maintenant pour un nouveau challenge qui sera porté par un nouveau président. Nous sommes incontestablement bien positionnés sur la ligne de départ. Les grandes mutations du pôle, d’une culture du « reporting » à une culture du « service perçu » ont été faites, et vous êtes prêts pour les échéances à venir.
Ces 6 années ont été pour moi des années fortes qui ont élargi mon réseau, ma vision. Merci à l’équipe, à la gouvernance , à tous les adhérents d’avoir « élargi mes horizons »
J’ai beaucoup aimé… Bonne chance à tous ! J’aimerais surtout avoir 6 ans de moins pour participer aux challenges qui vous attendent dans les années à venir. Merci à tous et bon vent ! Et je souhaite au prochain président que le CA choisira de vivre aussi de grands moments avec une grande équipe.
Pierre Weill
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