SOS PROTEIN : des alternatives au soja importé pour accroitre l’indépendance protéique des élevages de l’Ouest

16 février 2021 par Stephan Rouverand
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En Bretagne et en Pays de la Loire, le programme SOS PROTEIN développe des alternatives au soja importé d’Amérique pour accroitre l’indépendance protéique
des élevages de l’Ouest

Le 1er décembre 2020, Julien Denormandie, Ministre de l’agriculture et de l’alimentation, annonçait le lancement d’un plan visant à réaffirmer la souveraineté protéique nationale. En effet, chaque année, la France – comme les autres pays européens – importe plus de 3,5 millions de tonnes de soja, dont 90% sont destinés à l’alimentation des animaux d’élevage. Si ces importations, en provenance du Brésil et de l’Argentine principalement, restent indispensables, elles soulèvent des réflexions commerciales, environnementales et sanitaires. Dès 2016, les Régions Bretagne et Pays de la Loire ont exploré cette thématique à travers SOS PROTEIN, un plan d’actions coordonné par les pôles de compétitivité VEGEPOLYS VALLEY et VALORIAL. Cette initiative, qui rassemble aujourd’hui plus de 60 partenaires complémentaires (entreprises, organismes de recherche et de formation, instituts techniques…), vise à étudier la faisabilité des alternatives au tourteau de soja et à développer les compétences des acteurs du territoire pour renforcer l’indépendance protéique des élevages de l’Ouest.

Une démarche initiée par les Régions Bretagne et Pays de la Loire

L’organisation d’un colloque “Vers une autonomie protéique en alimentation animale pour la Bretagne et les Pays de la Loire ?” à Rennes en 2012 pose les premiers jalons de cette coopération à l’échelle des deux régions, sur la base d’un constat partagé : la France ne produit que la moitié de ses besoins en protéines pour l’alimentation animale et l’Ouest est le premier bassin d’élevage du pays.
Pour répondre à cette problématique, l’agriculture française manque de références vis-à-vis de sources de protéines végétales locales telles que les légumineuses fourragères ou à graines. Peu travaillées, leur rendement reste aléatoire et elles sont sensibles aux maladies et aux ravageurs. Des références en zootechnie sont aussi à rechercher pour favoriser l’assimilation de ces protéines par les ruminants et les monogastriques.
En 2015, la mobilisation des acteurs du territoire aboutit au dépôt d’un dossier auprès du FEADER – Fonds Européen Agricole pour le DEveloppement Rural – dans le cadre d’un Partenariat Européen pour l’Innovation dédié à la productivité agricole et au caractère durable de l’agriculture. C’est en 2016 que cette dynamique se concrétise par le lancement du plan d’actions SOS PROTEIN : Sustain Our Self-sufficiency Protein Research to Overcome the Trend of European Import Needs.

Le programme mobilise des acteurs économiques, des organismes professionnels agricoles ainsi que des organismes de recherche et de formation, instituts techniques…. Ils ont déterminé ensemble quatre axes stratégiques donnant lieu à quatre projets complémentaires.

4 projets de recherche précompétitive pour produire de la connaissance visant à améliorer l’autonomie protéique des élevages de l’Ouest :

PROGRAILIVE (porté par VEGEPOYS VALLEY) dont l’objectif est de sécuriser et d’augmenter la production de protéagineux à graines cultivés en pure et en mélange (pois, lupin et féverole).
4AGEPROD (porté par VEGEPOLYS VALLEY) qui vise à expérimenter, sous des conditions climatiques représentatives de l’ouest de la France la production, récolte et valorisation de fourrages à base de luzerne, d’associations céréales – protéagineux et graminées – légumineuses, ainsi que d’allonger la productivité des prairies permanentes pâturées.
DY+ (porté par VALORIAL) qui propose d’optimiser l’utilisation digestive des protéines (et de l’énergie) contenues dans les aliments du bétail.
TERUNIC (porté par VEGEPOLYS VALLEY) qui permet d’évaluer, à l’échelle de l’exploitation, du territoire, et des filières, les enjeux et conséquences d’une augmentation de l’autonomie protéique des élevages.
Au travers de ces projets, plusieurs centaines d’éleveurs ont été associées, des centaines de communications – scientifiques et techniques – ont été réalisées, ainsi que de très nombreux supports élaborés et diffusés pour permettre le transfert de ces références acquises le plus largement possible. La dynamique est lancée.

Des résultats que les agriculteurs peuvent désormais s’approprier

Le plan d’actions SOS PROTEIN qui vient de s’achever a conduit au lancement de projets compétitifs labellisés par les Pôles, à l’identification de certains acteurs à l’échelle européenne et à des résultats clefs en main, à la disposition des agriculteurs. Plus de 90% des partenaires vont poursuivre les travaux et notamment l’utilisation de l’outil DEVAUTOP créé dans le projet TERUNIC pour calculer, à l’échelle de l’exploitation, le degré d’autonomie protéique puis de mettre en lumière des marges de changement. Aujourd’hui, 73% des éleveurs estiment pouvoir améliorer leur autonomie grâce à 3 leviers : augmenter la part de fourrages – produire ses propres MRP (Matières Riches en Protéines) – améliorer l’efficience protéique des rations (sondage WebAgri avril 2019).

Marie-Pierre Cassagnes, Solen Leherissey, Henry Freulon de VEGEPOLYS VALLEY et Stéphan Rouverand de VALORIAL précisent : « L’objectif d’un projet précompétitif tel que SOS PROTEIN est d’initier une dynamique avec l’ensemble des acteurs d’un territoire afin qu’ils montent en compétence et gagnent en compétitivité grâce à la mutualisation des moyens et de l’expertise. Après cinq années, notre programme d’actions porte d’ores et déjà ses fruits. Il est à la source de nouveaux projets qui conduiront à la mise sur le marché de nouveaux produits qui permettront aux éleveurs de réduire leur dépendance aux protéines végétales importées. Concernant l’enseignement, à titre d’exemple, l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers ouvre un bachelor en septembre 2020 dont la 3ème année est basée sur « la production de protéines au sein d’un territoire pour l’autonomie alimentaire des élevages et pour une alimentation humaine de qualité ». C’est concrètement un prolongement du projet PROGRAILIVE et plus largement de SOS PROTEIN pour donner du corps à la formation des futurs professionnels. »

Pour VALORIAL et VEGEPOLYS VALLEY, le bilan de cette action est l’occasion de réaffirmer la pertinence de ces projets précompétitifs pour traiter par anticipation, des enjeux stratégiques tels que l’amélioration de la souveraineté protéique. Le plan « France Relance » en faveur du développement des protéines végétales présenté le 1er décembre 2020 par le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation vient contribuer au déploiement des résultats de SOS PROTEIN au niveau national et prolonger la dynamique collective créée autour de ce programme.

SOS PROTEIN, les chiffres-clés

  • Un programme porté par VEGEPOLYS VALLEY et VALORIAL
  • Démarrage : janvier 2016
  • Durée : 5 ans
  • Coût : 8,5 millions d’€ co-financés par le fonds européen agricole pour le développement rural FEADER, les Régions Bretagne et Pays de la Loire et les partenaires des projets.
  • Plus de 60 partenaires de l’ouest de la France (Bretagne – Pays de la Loire) : organismes professionnels agricoles, organismes de recherche et de formation, instituts techniques, acteurs économiques
  • Sur 4 axes de recherche complémentaires :
    – Pois, lupins, féveroles en grains : projet PROGRAILIVE
    – Fourrages riches en protéines : projet 4AGEPROD
    – Optimisation de l’utilisation digestive des aliments azotés : projet DY+,
    – Autonomie protéique des exploitations et des territoires : projet TERUNIC

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